Interview : Fabien YOON se confie à Bonjour Corée

Dans le cadre de son fan meeting du 21 Mars 2015 au Centre Culturel Coréen, Bonjour Corée a eu la chance d’interviewer le jeune acteur français dont la popularité en Corée ne cesse de croître. C’est au bar de l’hôtel Shangri-là que Fabien Yoon se confie à nous.12625815_990527157673880_1560175022_n

En voici l’intégralité

Bonjour Corée : Bonjour Fabien, merci d’avoir accepté de nous rencontrer. Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots, si possible en coréen ?

Fabien se présente en coréen.

네, 안녕하세요. 프랑스에서 온 87년생 파비앙이라고 합니다. 반갑습니다.

Ne, annyeonghaseyo. Purangsueseo on 87 nyeonsaeng Fabien irago amnida. Pangapseumnida.

Oui, bonjour. Je m’appelle Fabien, je viens de France et je suis né en 1987. Ravi de vous rencontrer.

Bonjour Corée : C’est toujours impressionnant d’entendre un français parler coréen. (rires de Fabien), surtout avec l’accent. Avant de partir en Corée, peux-tu nous rappeler ce que tu faisais en France ?

Fabien : Des études. Je faisais des études. J’ai fait un Master de Commerce International, parallèlement je faisais du mannequinat, du théâtre et du taekwondo, assez régulièrement.

Bonjour Corée : Avant de partir en Corée du Sud, avais-tu une destination où tu voulais aller ?

Fabien : J’ai toujours voulu aller en Corée du Sud en voyage, juste en voyage. J’aime bien voyager. J’ai décidé d’économiser pour aller en Corée, l’été 2007. Je suis parti pendant 3 mois en voyage. Et ça m’a bien plu. Et du coup, j’y suis retourné l’année d’après en 2008, après avoir fini un semestre d’études.

Bonjour Corée : Pour y vivre ?

Fabien : Non, pas pour y vivre. Je ne savais pas pour combien de temps j’allais rester, j’ai mis de l’argent de côté. J’ai pris des cours de coréen, je faisais du Taekwondo. J’ai trouvé une agence de mannequinat là-bas aussi. Comme j’avais finis mes études en France, je n’avais plus grand chose qui me retenait. J’y suis retourné. J’ai fais du mannequinat, je prenais des cours de coréen.

Bonjour Corée : Cela fait maintenant 6 ans que tu es là-bas. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours professionnel depuis ?

Fabien : Comme je te disais, je ne savais pas combien de temps j’allais rester. J’avais prévu environ 6 mois pour « kiffer ». Après ma première expérience en 2007, j’avais envie d’y retourner, apprendre le coréen, faire du Taekwondo.

Pour le parcours professionnel, quand j’y suis retourné, j’ai eu la chance de trouver une agence de mannequinat. Je faisais pas mal de shooting, principalement des magazines. Ça a duré à peu près un an. En fait, les contrats de mannequinat sont de 3 mois pour les étrangers. J’ai donc enchaîné 3 mois, 3 mois… A partir de 2009, ça a commencé à vraiment bien fonctionner pour moi. J’ai fait de grosses campagnes, j’ai fait Uniqlo, de grandes marques asiatiques. A partir de ce moment là, je parlais coréen déjà pas trop mal. Je faisais du théâtre en France, donc j’ai décidé d’en faire aussi en Corée. On m’a présenté à un directeur de théâtre, qui m’a fait passé une audition pour entrer dans sa troupe. Et à partir de fin 2009, j’ai commencé à faire du théâtre en Corée avec des Coréens. Ça a duré 2 ans. J’ai fait plusieurs pièces en coréen. J’étais l’un des rares caucasiens à faire du théâtre en coréen. C’était assez marrant de voir la réaction du public quand j’arrivais sur scène et qu’un “blanc” parlait coréen. D’ailleurs on a filmé quelques unes des représentations. A chaque fois que j’ouvrais la bouche, que ça soit des textes graves, tristes, le public rigolait. C’était marrant.

Ça a duré 2 ans, pas mal de galères, mais aussi beaucoup de choses apprises. C’est ce qui m’a fait apprendre beaucoup le coréen, avoir un bon niveau de coréen. J’étais 24/24h avec les Coréens. Ca m’a beaucoup aidé au niveau de la compréhension de la culture, et de comment bien se comporter avec les Coréens. Donc deux ans de théâtre, et pendant ces années là, j’ai eu l’occasion de passer des castings pour des dramas. Et donc j’ai fais mes débuts en drama. Cela a commencé comme ça. De fil en aiguille, j’avais de petits rôles ensuite de plus grands rôles, etc… Après, j’ai commencé à faire des émissions de divertissement, des talkshows. Nous n’avons pas trop d’équivalent français, des émissions dans le genre de Running Man, Happy Together,… Cela a boosté ma côte de popularité beaucoup plus que lorsque je faisais des dramas ou du théâtre.

Bonjour Corée : Les émissions sont plus suivies en Corée que les dramas ?

Fabien : En fait, j’ai été très borné et très bête. Tout le monde me l’avait dit en Corée. Pour moi dans ma tête, c’est comme en France, si tu veux faire du cinéma, tu commences au théâtre, tu fais tes preuves au théâtre, ensuite tu vas faire des petits rôles dans les téléfilms. Tu te fais remarquer dans les téléfilms. Et ensuite tu peux avoir des rôles au cinéma. En France, c’est comme ça, tu n’as pas d’autres chemins possibles. En Corée, c’est pas du tout comme ça. Moi j’avais un objectif : faire des dramas et du cinéma. Et donc, pour moi, fallait que je fasse du théâtre, fallait être bon au théâtre, faire que ça. En 5 ans, avant de faire mes premières émissions de variété, j’ai eu des dizaines et des dizaines de propositions, que j’ai toujours refusées… J’étais tellement borné, que dans mes contrats, j’ajoutais toujours une clause où je refusais de faire des émissions de variété. Car pour moi, en France, quelqu’un qui veut être acteur et qui fait une émission de télé-réalité, il peut pas devenir un vrai acteur. Je pensais que c’était pareil en Corée, alors que c’est tout l’inverse. Il faut faire ces émissions, car les Coréens veulent d’abord savoir quel caractère tu as, quelle personne tu es, avant de te proposer des choses. Jusqu’à 2013 – fin 2013, cela a fonctionné pour moi. Je passais dans des magazines connus, j’avais quelques rôles dans des dramas. Mais si j’avais pas accepté de faire des émissions de variété, je serais peut être resté comme ça toute ma vie. Et j’ai décidé un jour d’accepter une proposition assez sympa pour une émission. Cette émission a tout changé. (Réflexion) Purée je suis bête/c** (Rires).

Bonjour Corée : Aujourd’hui tu animes des émissions…

Fabien : Oui, oui j’anime pas mal d’émissions, des émissions de Kpop. Je discute avec les idoles de leurs actualités. Sinon je fais pas mal d’émissions de cuisine, je les anime en coréen, en anglais. Je fais aussi d’autres émissions en tant qu’invité. J’essaye de faire les choses qui correspondent plus à mon image, pour ne pas en faire trop non plus. Tant que je peux choisir, je le fais.

Bonjour Corée : Avant de travailler dans le milieu, quel rapport avais-tu avec la Hallyu ?

Fabien : Moi je suis un très grand fan de Kpop mais des années 90. Je commençais à m’intéresser à la Corée en 1992, quand personne pouvait placer la Corée sur une carte. Je me souviens, à l’école, tout le monde me prenait pour un fou, car tout le monde était à fond sur le Japon, Dragon Ball Z, les animations. Et moi j’étais à fond sur la Corée, la musique coréenne, les films coréens et personne ne connaissait. Ce qui est marrant, c’est que je me retrouve dans les générations de gens qui ont 30-40 ans en Corée. Je connais les mêmes sons. Je vais dans les anciens bars, les anciennes boites coréennes. La Kpop de maintenant, bien sûr il y a les nouvelles générations, EXO, SHINEee, Infinite, mais la Kpop des années 90 était à un niveau assez impressionnant. Il y avait des artistes, c’étaient des visionnaires. Par exemple, Lee Jung Hyun, c’est Lady Gaga, 20 ans avant. Lady Gaga n’a rien inventé. Lady Gaga a tout copié de cette artiste qui faisait les mêmes chorégraphies, de danse de robot, qui a les mêmes styles de vêtements. Et tu regardes ces clips des années 95-96 et tu te dis c’était une visionnaire. Elle a inventé la pop vingt ans à l’avance. Donc moi, oui, je suis un grand fan de musique coréenne, depuis la fin des années 90. J’avais 12 ans à l’époque.

Je me rappelle, j’allais dans le 13ème arrondissement, dans une boutique qui s’appelle Musica. A l’époque, la dame ne vendait que des cartes de Dragon Ball et de la musique chinoise. Et je faisais importer au vendeur des musiques coréennes. Il fallait attendre environ 3 mois pour que ça arrive. Et je demandais ça pour Noël à mes parents. Ça coûtait 360 francs (environ 50 euros), énorme pour l’époque. Je passais ça dans ma salle d’entraînement de Taekwondo. C’est marrant de voir à quel point la Kpop est devenu célèbre, alors que pour moi j’écoutais ça y’a une vingtaine d’année.

Je m’intéressais aussi beaucoup au cinéma, surtout d’arts martiaux. A l’époque on me prenait pour un fou, aujourd’hui on me prends pour un visionnaire (Rires). Je me souviens pendant la coupe du monde en 98, j’encourageais l’équipe nationale de Corée. Maintenant, j’ai envie de dire aux personnes qui me prenaient pour un fou “Ah ouais, je vous l’avais dit, je vous l’avais dit, hein !” (Rires)

Bonjour Corée : Quel est ton acteur ou actrice préféré(e), chanteur ou chanteuse préféré(e) ?

Fabien : J’en ai plein. Des chanteuses, j’aimais bien Sugar, S.E.S, Lee Jung Hyun. J’aime bien … Les actrices, j’aime bien Jang Nara, des actrices un peu plus récentes, j’aime bien Ha Ji Won.

Bonjour Corée : D’ailleurs tu as rencontré Ha Ji Won, tu as joué avec elle.

Fabien : Oui, je l’ai rencontrée dans Secret Garden. Et j’ai joué avec elle dans King 2 Hearts. Je l’ai tuée. Je lui ai mis une balle en plein coeur direct. Bam !

Bonjour Corée : Et ça t’a fait quoi de tuer Ha Ji Won ?

Fabien : Franchement ? Un énorme “kiffe” (Rires). En fait, on tournait dans la montagne, pendant trois jours et on n’était pas rentrés chez nous. Donc forcément, pas de douche, on dormait dans des sacs de couchages militaires. Ce jour-là, Ji Won avait payé un  food truck, de qualité, pour tous les membres du staff. C’est vraiment une personne super, elle est déjà super intelligente et super gentille. Une actrice que j’aime beaucoup, qui mérite sa popularité.

Bonjour Corée : Tu as tourné dans de nombreux dramas, est ce que tu penses t’investir un peu plus dans les dramas et moins dans les show T.V ?

Fabien : Oui, c’est le projet de cette année. A partir de cet été, je reviens dans un drama. (Réflexion) Oui c’est mon but. L’année dernière, j’ai augmenté ma côte de popularité avec toutes les émissions de divertissement faites. Et cette année, toujours en faisant ces émissions à côté, normalement, j’ai au minimum un drama, peut-être même deux, qui devraient arriver cet été.

Bonjour Corée : Est ce que tu serais intéressé par une carrière d’acteur en France ?

Fabien : Je ne sais pas trop. Car c’est super diffèrent. Moi en Corée, j’ai ma place maintenant. Si je reviens en France, je ne suis rien. Bien sûr, ça m’intéresse mais si j’ai une bonne proposition.

Bonjour Corée : Peux-tu nous décrire une de tes journées types de travail ?

Fabien : (Réflexions) Je n’ai pas de journée type. Ce qui est marrant dans ce métier, c’est de pouvoir faire des choses différentes chaque jour, aucun horaire fixe, c’est dur de donner une journée type.

Les shootings de dramas, généralement c’est sur plusieurs mois, il faut être sur le qui vive, beaucoup de stress, tu reçois les scripts une heure avant les scènes, tu dois être prêt. Beaucoup de stress et pas beaucoup d’heures de sommeil. Après pour les autres émissions, les tournages sont durant ½ journée. Soit ça commence le matin et ça finit en début d’après-midi. Soit c’est en début d’après-midi et ça finit le soir parce que généralement ils enchaînent trois ou quatre émissions par jour. L’année dernière, par exemple, pour te donner une journée type : je me levais à 6h, mon manager venait me chercher. J’allais dans mon agence me faire maquiller et m’habiller. On allait sur le premier lieu de tournage pour tourner mes premières scènes de 8h à 12h. Ensuite, j’enchaînais sur le deuxième studio pour un deuxième tournage, ensuite le troisième tournage. Je rentrais chez moi vers 2h du matin, je me douchais. Je révisais mon script jusqu’à 4h. Et me levais deux heures après. Et ça, ça a duré plus de 9 mois.

Bonjour Corée : Comment as-tu vécu cette période ?

Fabien : Moi, j’ai adoré. Y’a de la fatigue forcément. Mais moi, j’ai adoré. Je ne peux pas me plaindre alors que pendant plusieurs années, j’avais beaucoup “galéré”. Avant, lorsqu’une émission me proposait quelques chose, j’y allais sans savoir ce que c’était. Je devais faire le mieux possible et un maximum d’émission pour me faire repérer. Mais là, ça m’a permis d’avoir beaucoup plus de recul sur ce que je faisais et de pouvoir mieux gérer mon image. Je pouvais choisir les émissions.

Bonjour Corée : Et tu n’as jamais eu un moment où tu voulais tout abandonner ?

Fabien : Si si, plein de fois. Quand je faisais du théâtre. C’était hyper dur psychologiquement. J’étais le seul étranger, j’étais en Corée depuis à peine 2 ans. J’ai beaucoup “morflé”, au niveau de la compréhension de la culture coréenne. Je comprenais pas pourquoi ils agissaient comme ça avec moi. Il y a eu pas mal de fois où j’ai eu envie de tout lâcher.

Bonjour Corée : Qu’est ce qui t’a retenu ?

Fabien : L’amour du pays et le fait aussi, que moi je fais du Taekwondo. Et dans les 5 principes du Taekwondo, il y a la persévérance. Si tu ne persévères pas dans ce que tu fais, tu ne peux pas réussir. Et j’ai bien fait. Car si j’étais retourné en France, je sais pas ce que je ferais, mais je pense que ma vie ne serait pas mieux que ce qu’elle est maintenant.

Bonjour Corée : Nous allons parler maintenant de ta relation avec le pays. Tu as dû beaucoup voyager depuis ton arrivée en Corée. Peux-tu nous dire quelle est ta ville préférée ?

Fabien : Séoul. Je suis un homme des villes. J’aime bien les grandes villes. Même si j’aime bien aller en vacances à Busan, aller dans la campagne, j’adore Jeju. Mais pour seulement y passer une journée. Pareil en France. J’aime bien aller voir d’autres villes. mais au bout d’une journée, faut que je retourne à Paris. J’aime bien avoir ma ville.

Bonjour Corée : Un quartier favori à Séoul ?

Fabien : Forcément Hongdae. Quand je suis arrivé au tout début en Corée, c’est là où je suis resté. C’est le quartier artistique qui se rapproche le plus de Paris, tout en étant pas comparable. Tous mes amis sont là-bas. C’est sympa pour sortir. C’est central. Oui, c’est le quartier que je préfère.

Bonjour Corée : Est ce qu’il y a quelque chose qui te manque en France ?

Fabien : Pleins de choses. (Il montre du doigt ses deux amis qui l’accompagnent) Les amis, la famille, les macarons, les pains aux chocolats (réflexion). Sortir sur Paris, voir de beaux bâtiments, de belles expositions, tout ce qui est artistique. En Corée, c’est quand même assez limité. Voir des films en français au cinéma, voir du théâtre en français. Tous les trucs culturels. Tout ce que tu peux faire à Paris n’importe où, à n’importe quelle heure, n’importe quand. Tout ce que tu ne peux pas faire à Séoul. Mais surtout les amis.

Bonjour Corée : Comment définirais-tu ta place au sein des coréens, en tant que français ? (Penses-tu être l’image de la France?)

Fabien : Je sais pas si je peux dire que je suis l’image de la France. Forcément j’ai toujours cette petite pression à chaque début de tournage où je me dis, si je dis un truc bizarre, si je fais un truc de travers, je me dis que c’est toute l’image de la France qui va être biaisée. Donc forcément j’essaye de faire attention à tout ce que je dis. Pour montrer à quel point je fais attention, à chaque fois que je reviens en France, j’achète toujours pleins de livres d’Histoire. Car les coréens posent toujours des questions. Et si on me pose une question sur Napoléon, ou sur la Révolution française et que je sais pas répondre, forcément je vais passer pour un idiot. J’ai quand même cette responsabilité en tant que français qui passe à la télé, plus que n’importe quel autre français, de bien représenter le pays, de donner une bonne image des Français. On jouit d’une très bonne image en Corée, en tant que Français, donc j’essaye de contribuer à cette image ou du moins de ne pas trop la salir (Rires).

Bonjour Corée : Tu animes des émissions surtout culinaires, tu peux nous en parler un peu ?

Fabien : Oui, oui, j’anime une émission culinaire sur la chaîne Arirang TV, en anglais. Environ 25 épisodes que j’ai filmés l’été dernier. Cette émission a beaucoup été suivie par des étrangers, mais pas trop en Corée, vu que c’est en anglais. J’ai eu beaucoup de retours, bien sympas, dont celui d’un chef croate qui m’envoie des emails pour avoir des conseils. Un chef croate ! Il me dit “je fais tes recettes dans mon restaurant”. J’hallucine que des gens me demandent des conseils, alors que c’est pas mon métier. J’ai eu des retours de partout, d’Inde, de Croatie, de Finlande,.. Arirang TV c’est vraiment parfait. J’ai fais pas mal d’émissions culinaires.  Rien que l’année dernière j’en ai fait 3 – 4 différentes.

Pour la petite anecdote, je me filmais souvent en train de cuisiner chez moi. Personnellement je n’ai aucune formation de cuisine. J’ai commencé à cuisiner car je vivais seul depuis longtemps. J’aimais bien faire des plats que je prenais en photo et partageais sur mon blog coréen. Et après j’ai été contacté pour faire une émission qui a fait qu’on me recontacte à nouveau. Après dés que tu fais un truc, et forcément avec l’image du Français, lié à la gastronomie française: coq au vin, boeuf bourguignon…Ils m’ont mis la pression pour faire des trucs en rapport avec la cuisine. Et moi aussi, plus les gens aimaient et plus j’avais envie de faire toujours mieux. Avant, chez moi, je n’avais qu’un couteau à pain à dent, une cuillère, une fourchette, des baguettes, une planche à couper. Maintenant j’ai une armoire entière de couverts avec plein d’ustensiles de cuisine. Maintenant tu viens chez moi, c’est un studio de cuisine (rires). A force de voir comment les gens font dans les émissions de cuisine ou encore pendant les shootings, je fais attention pour mes décorations d’assiettes. J’ai tout appris en observant les chefs. Et comme les gens aiment, cela me motive.

Bonjour Corée : As tu une préférence pour la cuisine française ou coréenne ?

Fabien : En fait, je ne connais pas si bien la cuisine française. J’aime bien les deux. Forcément je cuisine plus coréen, car je vis là-bas. Après c’est compliqué de cuisiner à la française à cause du manque d’ingrédients. Ça a pas le même goût. En fait, je fusionne beaucoup lorsque je cuisine. En gros, j’ouvre mon frigo, je vois les différents ingrédients. Et là, je teste des choses. Si c’est bon tant mieux, sinon je retente autre chose.

Bonjour Corée : Concernant ton quotidien, rencontres-tu beaucoup de remarques, stéréotypes du fait que tu sois français ?

Fabien : Pour les stéréotypes, sur moi y’en a pas trop. Sur le fait que je sois français, pas autant que ça non plus. En fait, les coréens aiment bien comparer avec des acteurs qu’il y ait ou non une ressemblance, mais ça c’est avec tous les étrangers. Par exemple, quand il y a eu la mode de Twilight. C’était tout le temps “Twilight, Twilight”. Après ça a été Spiderman…

Bonjour Corée : Donc aucun stéréotype, vis à vis de l’image du français ?

Fabien : Forcément ils attendent un minimum de bonnes manières, je pense. Et puis j’essaye de respecter ça, en remerciant l’éducation que m’a prodiguée ma mère dans  mon enfance : comme tenir la porte aux dames. On a une bonne image là-bas. Dès qu’on dit qu’on vient de Paris, pour eux la France, c’est super. Ils adorent Paris, la nourriture française, le mec qui paie l’addition. (Rires)

Bonjour Corée : Récemment tu as animé le Gala de la Chambre de commerce franco-coréenne ? Tu ne rencontres pas de problème à jongler entre la culture coréenne et française ?

Fabien : Ce soir là, c’était un gros stress. Il y avait de gros V.I.P. C’est la première fois que j’animais ce genre de gala. C’était super dur de jongler du français au coréen. La moitié de la salle ne parlait que français et l’autre moitié ne parlait que coréen. Et on ne pouvait pas traduire tout le temps, ça aurait été nul. De plus, l’humour français et l’humour coréen sont totalement différents. Quelque chose qui fait rire les coréens ne fera pas forcément rire les français et vice versa. Il fallait plaire aux deux publics, donc beaucoup de pression. Pour moi, être devant un public français, c’est beaucoup plus dur. D’être devant un public français, forcément y’a beaucoup plus d’attente. Si je fais une erreur, par exemple en coréen, comme je suis un étranger, ils (les coréens) seront plus indulgents. Même si maintenant, ils considèrent que je ne dois plus faire d’erreurs. Mais si je fais une erreur, ça va passer. Genre en français, si je dis un truc de travers ou un truc bizarre, en tant que Français ça ne passe pas. J’ai beaucoup plus de pression quand je dois faire quelque chose en français. Par exemple, lors d’émissions, quand on me dit de dire 4-5 phrases en français, j’ai beaucoup plus de pression.

Exemple ce soir avec le fanmeeting, avec les français, j’ai jamais -malgré les nombreux fanmeting avec des milliers de coréens que j’ai faits- eu autant peur, autant de pression.

Bonjour Corée : En parlant du fanmeeting, pourquoi as-tu tenu à rencontrer tes fans français ?

Fabien : Comme je disais tout à l’heure, quand j’étais petit, j’étais seul dans ma bulle de Corée. Et que maintenant il y ait autant de gens qui s’intéressent à la Corée, j’adore partager la même passion pour la Corée avec autant de gens. De plus, je reçois environ chaque semaine une centaine de messages avec des questions de tout genre, par exemple “comment as-tu fais pour en arriver là ?”; “Quand est-ce-que tu viens en France ?” Il y a tellement de messages, aussi sur mes autres réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Instagram), et il m’était pas possible de répondre à tout le monde. A la base, je voulais faire un genre de pique-nique. Ou j’avais pensé que nous allions être une dizaine dans un café pour discuter tranquillement. Et au final, j’ai commencé à me dire qu’il y aurait un peu plus de monde. Quand j’ai dit que j’allais faire quelque chose, j’ai eu beaucoup de retours. J’ai fais des recherches pour louer une salle et le Centre Culturel Coréen m’a proposé de faire ça dans leurs locaux. Nous avons eu 150 inscriptions en 24 heures, en plus nous en avons refusées certaines. Des gens me suppliaient sur les réseaux sociaux. Mais au Centre Culturel, il ne pouvait pas accueillir plus de monde que ça. Je voulais vraiment faire cette rencontre pour discuter avec mes fans.

Bonjour Corée : Est ce que tu serais prêt à revenir en France pour un projet pour les années croisées France-Corée ?

Fabien : Ah oui mais ça c’est en projet. Je suis très proche de l’ambassadeur de France en Corée. Et là nous travaillons sur quelques projets. J’en ai plein dans ma tête.

Bonjour Corée : Est-ce-que tu as un message à donner aux français qui veulent tenter quelque chose en Corée ?

Fabien : Oublie que tu n’as aucune chance, vas-y, fonce ! – les Bronzés. (rires) Un conseil ? Ça dépend. Parmi tous les messages que j’ai, il y en a beaucoup qui ne sont pas très terre à terre avec ce qu’est la Corée, ils croient que tout est beau, pas de chômage, que tu arrives en tant que français et que tu trouves un travail direct. C’est beaucoup de galères. C’est pas facile du tout. Il y a eu un reportage sur M6, qui montrait deux français qui avaient beaucoup de mal là-bas. Ça fait 7 ans que je vis là-bas et des Français qui galèrent là-bas, j’en ai rencontrés des centaines et des centaines. Partir sans but, pour juste voyager, la Corée c’est le meilleur pays au monde. Tu t’éclates. Mais partir avec un minimum d’idées dans la tête, il ne faut pas se dire “je veux vivre en Corée et je fais n’importe quoi !”. Il faut d’abord savoir ce que tu veux faire et ce que “moi” en tant que Français je peux leur apporter, que ce soit la langue, la culture, nous avons plein de marchés de niches comme le luxe, la culture, les arts,… Forcément  il y a de la place pour les Français en Corée. Si on a un but et l’envie de faire un truc, tu peux réussir. Après c’est bien aussi de partir avec un minimum de connaissances sur la culture et sur la langue si possible. Même si moi je n’ai pas été le meilleur exemple. Si tu es motivé, la langue tu l’apprendras. Si tu as envie de réussir en Corée, forcément tu réussiras. Par contre, ça peut prendre un peu de temps.

(Message face à la caméra – en coréen).

포기하지마요!

Pogi hajimayo!

N’abandonne pas!

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Aafaf pour Bonjour Corée.

crédit des photos : Sonia

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