The Good Bad Mother

“The Good Bad Mother” : une leçon sur le pardon

The Good Bad Mother (du titre original 나쁜엄마 signifiant littéralement “mauvaise mère”) est une série Netflix sortie le 26 avril 2023. Choi Kang-ho (Lee Do-hyun, 이도현), un procureur solitaire ne jurant que par son travail, subit un jour un grave accident de voiture à la suite duquel il perd la mémoire. Possédant désormais les facultés mentales d’un enfant de 7 ans, le contexte l’oblige à retourner vivre chez sa mère éleveuse de porcs, Jin Young-soon (Ra Mi-ran, 라미란), avec qui il entretient une relation des plus houleuses. 

Au cours de 14 épisodes, plusieurs bonds dans le passé sont inclus afin de nous expliquer progressivement le lien entre Kang-ho et Young-soon, ainsi que les décisions de chacun ayant progressivement terni la relation mère-fils. Bien que l’intrigue soit principalement centrée autour de ces deux personnages, d’autres éléments de contexte viennent progressivement s’y mêler, introduisant alors d’autres individus dans l’équation – notamment le père de Kang-ho (Cho Jin-woong, 조진웅) et son ancienne petite-amie, Mi-joo (Ahn Eun-jin, 안은진). 

À mon sens, ce drama possède deux points forts : le premier, c’est la facilité avec laquelle on s’attache aux personnages, principaux comme secondaires. En effet, dès le premier épisode nous sont présentés des personnages à la personnalité bien trempée mais aussi au grand cœur. Les voisins et amis de Young-soon s’avèrent être un véritable soutien émotionnel, à la fois pour elle et les uns pour les autres tout au long de la série. 

De la même manière, on réalise très vite que Mi-joo, qui a fait battre le cœur de Kang-ho des années durant, n’a jamais cessé de vouloir le bien de ce dernier malgré leur rupture. Les personnages que l’on découvre au fur et à mesure traversent bon nombre d’épreuves main dans la main et en ressortent, certes, amochés, mais aussi plus soudés que jamais. Chacun porte les problèmes des autres comme les siens. Et bien que Lee Do-hyun, récemment apparu dans The Glory (2022), joue de manière parfaitement crédible les émotions propres à l’enfance, cet attachement aux personnages est également rendu possible par le formidable jeu d’acteur de l’ensemble du casting.

Le second point fort du K-drama, plus subtil, réside selon moi en la capacité des scénaristes à proposer des personnages réalistes et imparfaits. Dans le cas de Kang-ho, qui lors des premiers épisodes nous apparaît comme étant un individu d’une froideur extrême, il s’agit en réalité d’un jeune homme profondément meurtri par le décès de son père et par les conséquences que ce dernier a provoqué chez sa mère. 

Parallèlement, là où nous sommes tentés de juger négativement Mi-joo qui s’obstine à mentir à ses enfants sur l’identité de leur père, on comprend plus tard quelles sont les raisons qui l’ont poussée à faire ce choix. 

De son côté, Sam-sik (Yoo In-soo, 유인수), heurté depuis son plus jeune âge par les comparaisons incessantes de ses parents entre lui et Kang-ho, évolue finalement du rôle d’antagoniste à celui de véritable ami. 

En ce qui concerne Young-soon, s’il y a bien une chose que l’on ne peut lui reprocher, c’est de ne pas aimer son fils. Bien qu’elle puisse se montrer dure voire cruelle de temps à autre avec ce dernier, notre position omnisciente de spectateur nous permet de ressentir de l’empathie pour cette femme livrée à elle-même. Progressivement, on comprend que l’univers lui donne vraisemblablement l’opportunité de rectifier le tir et de ne pas commettre les mêmes erreurs qu’avant. Elle est finalement bien l’épitome de la “bonne mauvaise mère”, celle qui est prête à tout sacrifier, même sa relation avec son fils, si cela peut lui assurer que celui-ci aura la meilleure vie possible.

Selon moi, The Good Bad Mother est un drama qui suscite aisément la compassion de ses spectateurs : il est une belle leçon qui nous rappelle que ce que l’on voit ne suffit pas à tout expliquer, et que certaines zones d’ombre nécessitent de laisser le bénéfice du doute à autrui. En regardant les premiers épisodes, notre premier réflexe est de détester tel personnage et de crucifier tel autre. Ce n’est que bien après que les éléments de contexte apportent une nouvelle perspective à notre interprétation. 

L’intitulé anglais du drama joue sur deux contraires et souligne d’emblée que les apparences sont trompeuses et plus complexes qu’elles n’y paraissent, tandis que le titre coréen, “La mauvaise mère”, ne laisse aucun choix au spectateur et lui impose ce jugement de valeur sur la façon dont Young-soon élève son fils. Néanmoins, en creusant davantage, on réalise que Young-soon est tout simplement une mère qui a à cœur d’éviter à son fils de suivre le chemin qu’elle et son mari ont emprunté malgré eux quelques années plus tôt.

Le drama oscille entre drame et comédie, et parvient à balancer sans difficulté l’humour des personnages et le sérieux des situations dans lesquelles ils sont imbriqués. Il aborde également des thématiques importantes auxquelles beaucoup peuvent s’identifier, telles que la perte d’un proche, les problèmes financiers, ou encore les différends familiaux, pour n’en citer que quelques-unes. 

Tous ces ingrédients sont intégrés avec parcimonie : c’est, selon moi, une réussite.

Aurore (07.08.2023)

Crédits photo : Netflix