Le réalisateur de Dernier train pour Busan (부산행), Yeon Sang Ho (연상호), est loin de se limiter aux live-action. En effet, dans un registre tout aussi horrifique, il compte à son actif quelques films d’animations, dont The King of Pigs (돼지의 왕), sorti en 2011.
Après avoir gagné trois prix au Festival international du film de Busan la même année et avoir gracié la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en 2012, l’œuvre a fait son retour en octobre 2020 lors du dernier jour du Festival du film coréen à Paris. Une sortie au cinéma parisien Le Brady était également prévue le 4 novembre pour ce récit effroyable sur le harcèlement scolaire.
Synopsis
Jong Suk (종석) n’avait pas vu Kyung Min (경민), son camarade de classe au collège depuis des années, mais ce dernier le recontacte soudainement. Cachant leurs situations personnelles misérables, ils se revoient et discutent de leur jeunesse. À cette époque, ils étaient les “porcs”, maltraités sévèrement par les “chiens”, des élèves plus aisés financièrement. Toutefois, le rapport de force s’est inversé avec l’apparition de Chul (철), qui se rebelle par la violence contre cette classe dominante. Une admiration entremêlée de folie et de dépendance naît alors envers lui de la part des deux garçons. Qu’est-il arrivé à celui qu’ils avaient élevé au statut de “Roi des Porcs” ? Leur rencontre en tant qu’adultes sur leur ancien lieu de torture est l’occasion de lever le voile sur ce mystère.
Fiche technique
-Production : Studio Dadashow (스튜디오 다다쇼)
-Distribution : KT&G Sangsangmadang (KT&G 상상마당)
Casting des personnages principaux
Jung Jong Suk [adulte] : Yang Ik Joon (양익준)
Hwang Kyung Min [adulte] : Oh Jung Se (오정세)
Kim Chul : Kim Hye Na (김혜나)
Jung Jong Suk [enfant] : Kim Kkot Bi (김꽃비)
Hwang Kyung Min [enfant] : Park Hee Bon (박희본)
Bande annonce :
Avis d’Anaëlle de Bonjour Corée
L’essence de The King of Pigs est de perturber le spectateur. J’ai, à vrai dire, rarement ressenti autant de malaise devant un film d’animation. Le thème de la violence qui est central y joue sans doute pour beaucoup. Le réalisateur n’a pas peur de montrer les choses comme elles sont, que ce soit la mort ou la maltraitance. Au contraire, les scènes s’enchaînent dans le sang et la saleté, sans la moindre ellipse. On assiste à la douleur des personnages de manière très crue. En effet, si l’esthétisme se révèle généralement sans fioritures, les expressions des personnages occupent une place très importante au point parfois d’aller à l’exagération. Il s’agit sans doute ici de renforcer le parallèle animal qui est au cœur de l’histoire, parfois poussé littéralement jusqu’à la transformation zooanthropique à l’écran. C’est dans ces moments-là, d’ailleurs plus colorés comme pour montrer un changement de registre, qu’on pourrait presque penser que l’œuvre appartient au genre fantastique. Cependant, ces intermissions s’associent à la détresse psychique et ne font que renforcer l’étendue de l’horreur de la réalité.
Comme la description que j’en ai faite a pu le laisser deviner, le film n’est pas à mettre entre toutes les mains. Les enfants les plus jeunes notamment, mais également les personnes qui ont des difficultés à assister à des scènes de très grandes violence, pourraient avoir du mal à le supporter. Néanmoins, The King of Pigs reste un excellent film mené par une très bonne narration, qui laisse présager de beaux jours à l’animation coréenne (on a vu le retour de celle-ci sur la scène française avec Nous les Chiens). Cette prouesse est d’autant plus impressionnante lorsque l’on sait que le budget était relativement faible.
Anaëlle P.
Sources et crédits photos et vidéos : KT&G Sangsangmadang