Christophe Masson est un écrivain ayant une prédilection pour l’Amérique latine et l’Asie. Chacun de ses livres est inspiré de sa vie, mais surtout de ses voyages permettant ainsi un mélange entre autobiographie et fiction. Et cette fois, il nous offre un aperçu de Daegu (대구), ville au Sud de la Corée du Sud, à une heure de Busan (부산). Une passion coréenne aurait dû voir le jour bien plus tôt, mais comme pour le reste du monde le Covid-19 a contrecarré les plans de notre travel-writer (écrivain-voyageur). Christophe Masson finit par aller à Daegu en 2023 et c’est ainsi qu’il publie cette année pour la première fois un ouvrage sur la Corée.
Résumé officiel du livre
Dans les années 1990, deux sœurs nord-coréennes s’enfuient de leur pays et passent au Sud. L’aînée, au caractère bien trempé, sert de manager à sa cadette, Moon, une peintre sensible et délicate. Les hasards de la vie les amènent un jour à s’installer à Clermont-Ferrand, où elles ouvrent une galerie d’art.
Soucieuse de raconter leur histoire dans un livre, Eonni (언니), Grande Soeur, se fait aider par un écrivain-voyageur qui, très vite, tombe sous le charme de Moon. Mais des pans entiers de son récit se révèlent truffés d’incohérences. Quels secrets dissimulent les sœurs Lee qui, le temps d’une exposition, retournent en Corée du Sud, où elles disparaissent ?
À leur recherche à Daegu, l’écrivain s’égare dans des paysages urbains indéchiffrables. Guidé dans ce labyrinthe hyperconnecté par deux artistes, Young-sun (영선) et Hun-kul (훈쿨), il va de révélation en désillusion. Entre découverte du pays, vernissages, soirée karaoké et dérive sur une rivière de bière et de soju, s’opère une valse des sentiments oscillant entre exaltation et mélancolie d’un temps qui s’achève.
L’avis de la rédac’
Une passion coréenne est divisée en deux parties. La première prend place à Clermont-Ferrand, ville d’origine de l’auteur tandis que la deuxième se passe en Corée du Sud, à Daegu. Bien que la deuxième partie se passe au cœur de Daegu avec quelques détours à Busan, le côté voyage reste relativement au second plan de l’histoire. Un choix qui se comprend puisqu’on enquête sur la disparition des deux sœurs. Mais les descriptions des lieux et de son expérience reste relativement simple et courte, ce qui retransmet faiblement l’ambiance générale du pays.
La première partie met en place les bases de l’histoire et les relations entre les personnages. L’intrigue se met donc en place doucement mais sûrement bien que par moments, le rythme est justement un peu trop lent. La première partie nous permet d’apprendre rapidement et dans les grandes lignes la culture et l’histoire coréenne. Pour ceux ne connaissant pas la Corée, cela peut être une façon de donner envie de se renseigner davantage sur le pays. On apprend également des informations sur la Corée du Nord et les réfugiés nord-coréen, et comment ils sont intégrés à la société sud-coréenne, ce qui est tout aussi intéressant car peu connu encore de beaucoup. Pour le grand public ne connaissant pas la Corée, l’introduction aux différents sujets est claire et concise permettant de donner un avant goût et le désir de découvrir le pays.
Étonnement, l’un de mes passages préférés lors de la première partie de ce livre est lorsque le manuscrit de Eonni (언니) est relu car on apprend comment se déroule le processus de relecture d’un livre. Etant donné que le roman est en partie autobiographique, cela nous laisse supposer qu’il s’agit de la façon de faire de l’auteur. En même temps, cela permet de répondre aussi aux questions du lecteur sur le manuscrit u’on découvre en même temps que le personnage, ou tout du moins de les approfondir. Ce manuscrit est le point de départ de l’intrigue du livre et il influence notre perception des personnages, ce qui permet de deviner moins facilement le dénouement final.
Le voyage en Corée commence dans la deuxième partie seulement de l’œuvre, aux alentours des pages 155 (sur 215). Cette deuxième partie est plus rythmée que la première mais cela m’a donné le sentiment que certains moments se déroulent trop vite. J’aurais aimé que la recherche des deux sœurs soient plus longue et détaillée. Malgré cela, l’intrigue est vraiment intéressante et garde le lecteur accroché à l’histoire.
Le point négatif du livre à mes yeux est la façon dont certaines relations sexuelles sont abordées. Certaines remarques ne sont pas forcément nécessaires ni pertinentes, comme le fait par exemple d’annoncer que le personnage de Eonni “passe à la casserole, ou au wok”. Au contraire, je trouve cela rabaissant, et cela peu importe le contexte du rapport sexuel en question. Cette remarque apparaissant au début du livre a rendu le reste de ma lecture bien moins agréable, étant donné qu’un sentiment de malaise s’est installé et a persisté au fil de l’histoire.
En définitive, je n’ai pas réussi à me plonger correctement dans l’histoire. Néanmoins, elle est tout de même intéressante et facile à lire. Je pense aussi que pour une fois, je n’ai pas forcément apprécié le côté autobiographique du livre puisque sans, l’intrigue aurait pu – selon moi – être plus poussée. Autrement, il m’aurait semblé pertinent de développer davantage la partie voyage avec plus de descriptions et d’expériences.
Edition : Revoir Editions
Parution : Avril 2024
Prix : 18€
Source : editionsrevoir.fr
Je remercie Christophe Masson pour la découverte de ce livre.
Publication : 30/11/2024
Lizzie