En partant à la découverte de la culture coréenne, j’ai noté que la littérature était très souvent mise en avant. Grande amatrice de dramas dans lesquels les références littéraires sont très nombreuses, j’ai très vite constaté que la littérature coréenne pouvait être très riche. Je me suis donc penchée sur le sujet.
Mon principal support de recherche a été et est toujours internet. La littérature coréenne commence à se faire une place sur les rayons français, auprès de ses cousines japonaise et chinoise que l’on côtoie depuis bon nombre d’années. Les traductions en français sont de plus en plus nombreuses et au fil de mes recherches un nom revenait très régulièrement : Sok-Yong HWANG (황석영). Écrivain fort d’expériences et très engagé, il est un des auteurs asiatiques les plus reconnus. J’ai donc jeté mon dévolu sur deux de ses œuvres Shim Chong fille vendue, dont je parlerai dans un prochain article, et Princesse Bari ( “바리데기”), qui marque mon initiation à la lecture d’œuvres coréennes.
Princesse Bari est un célèbre conte traditionnel coréen. Il y est question d’une reine qui, par désespoir d’avoir donné naissance à une septième fille, décide d’abandonner celle-ci dans la forêt. Le nom Bari, qui signifie “l’abandonnée”, tient son sens de cet épisode. Après plusieurs années, Bari accepte de revenir au palais et de partir à la recherche de l’élixir de vie afin de sauver son père mourant.
Dans cette réinterprétation, l’auteur nous fait suivre le voyage bouleversant de Bari. Abandonnée à sa naissance, elle est retrouvée par sa grand-mère, dont elle héritera des dons de voyance. Bari traversera son lot d’épreuves dans la vie. À l’âge où l’on ne devrait se soucier que des jeux d’enfants, Bari devra fuir sa Corée natale pour la Chine et connaîtra de nombreux drames qui la rendront mature. Au péril de sa vie, elle traversera ensuite l’océan pour arriver à Londres où, grâce à ses pouvoirs chamaniques, elle soignera les âmes. On pourra voir grandir une jeune fille pleine de courage et confiante tout au long de ce conte moderne. En s’appuyant sur ce récit, HWANG Sok-Yong nous confronte à la réalité des conditions déplorables des Nord-Coréens durant la terrible famine des années 1990 et qui ont fui leurs pays dans l’espoir d’un avenir meilleur.
Au cours de ma lecture, j’ai eu l’impression de discuter avec une halmoni (할머니, une grand-mère) qui me racontait son histoire en toute simplicité. J’ai couru, pleuré, ri, souri et souffert autant qu’elle. En fermant le livre, je me suis rendue compte que c’est une réalité bien plus proche de nous qu’il n’y paraît. Encore aujourd’hui des milliers de personnes sont contraintes à l’exil, où elles doivent s’adapter tout en gardant leur identité culturelle. L’auteur nous donne à réfléchir sur notre société actuelle, sur la difficulté que rencontrent certaines personnes dans leur propre pays. Ce voyage initiatique a été vraiment marquant, je recommande vivement ce livre pour la force du personnage mais également pour le message de l’auteur.
Bonne lecture et bon voyage ! V-A