Pachinko : une épopée familiale au-delà des frontières

Parler de “pachinko” aujourd’hui n’est plus qu’une simple référence à la machine de jeu japonaise, il s’agit aussi du best-seller de Min Jin Lee (이민진) publié en 2017, salué par Barack Obama comme “une histoire puissante sur la résilience et la compassion”. En ce début d’année 2022, l’œuvre a non seulement obtenu une réédition en poche en France, mais également une adaptation en série sur Apple TV+ qui fait des émules.

Portrait de l’auteur

Min Jin Lee est née à Séoul en 1968, mais elle déménage à 7 ans à New York aux Etats-Unis. Elle étudie à l’université de Yale puis à celle de Georgetown. Elle est avocate pendant quelques années au début des années 1990, avant de se tourner vers l’écriture. Elle a vécu dans la capitale japonaise de 2007 à 2011 et s’est mariée à un métisse japonais. Ses premières nouvelles paraissent en anglais en 2002 et en 2004 et obtiennent un petit succès à l’échelle locale. Lorsque son premier roman, Free Food for Millionaires, est publié en 2007, il obtient de bonnes critiques en se classant dans les dix livres de l’année pour le Times et les choix de l’éditeur pour le New York Times. Toutefois, c’est avec Pachinko, dix ans plus tard, qu’elle devient vraiment une figure connue. Elle est alors finaliste pour le National Book Award dans la catégorie fiction.

Synopsis

L’histoire prend racine en plein milieu de la colonisation japonaise de la Corée avec Sunja (선자), la fille de Hoonie et de Yangin, des aubergistes dans le village de pêcheurs de Yeongdo (영도) près de Busan (부산). Enceinte d’un homme marié, elle décide de partir au Japon en épousant un pasteur qu’elle connaît à peine, Isak Baek (백이삭). Ainsi commence leur vie difficile de zainichi [NDLR : des Coréens et descendants de Coréens vivant au Japon] marquée par la discrimination et les tragédies. Cette épopée s’étendra sur plus de huit décennies pour nous raconter la vie de plus de quatre générations, dont les enfants de Sunja, Noa (노아) et Mozasu (모자수), et ses petits-enfants, à l’image de Solomon (솔로몬). Elle dépassera même les frontières japonaises pour nous amener jusqu’aux Etats-Unis.

Avis d’Anaëlle P. de Bonjour Corée

On lit Pachinko très facilement du fait du style fluide et engageant de Min Jin Lee, on dévore les pages même, mais pour autant ce n’est pas ce que j’appellerai une lecture facile. En effet, la thématique principale de l’œuvre, c’est la souffrance. Combien de malheurs pourra endurer la pauvre Sunja avant de craquer ? C’est là qu’intervient l’idée de “résilience” évoquée par Obama. En dépit de tout ce qu’elle se doit d’affronter, Sunja survit et dépasse les traumatismes qui ont jalonné sa vie. C’est la plus forte de la famille, malgré ses airs effacés. Même si le genre principal est, à mon avis, le drame, on retrouve aussi des petits éléments de romance et de comédie qui parsèment le récit. Toutefois, l’autre catégorie qui définit le mieux Pachinko, c’est celle de l’histoire. Après tout, le livre est divisé en trois parties datées : “Goyang : La terre d’origine” de 1910 à 1933, puis “La mère patrie” de 1939 à 1962 et enfin “Pachinko” de 1969 à 1982.

J’ai apprécié le souci du détail pour une représentation fidèle de ce roman historique. On suit une chronologie précise, et les grands événements qu’on connaît tous, comme les bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, touchent aussi la famille. Les lieux, tels que le quartier coréen d’Osaka où la famille évolue, sont bien décrits de sorte à ce qu’on arrive à se créer une image mentale. Les passionnés d’histoire, ce livre est pour vous !

C’est un livre assez imposant : plus de 600 pages pour les éditions poche comme grand format française. Il me semble plus efficace qu’il soit adapté en série, plutôt qu’en film, afin de pouvoir retenir le maximum d’éléments de l’œuvre originale. Le casting prestigieux, mené notamment par Youn Yuh Jung (윤여정) et Lee Min Ho (이민호), arrivera t-il à dépasser nos attentes pour représenter cette fresque historique plébiscitée ? L’histoire le dira.

Bande annonce série

Crédits photo & vidéos : Elena Seibert, Apple TV

Anaëlle P.

08 avril 2022