Depuis quelques années une nouvelle tendance a vu le jour en Corée du Sud : les mariages arrangés avec des étrangères venues du Vietnam, du Cambodge ou des Philippines.
Des dizaines de milliers de villageois coréens optent pour cette option pour trouver une épouse. Une agence matrimoniale a vu le jour et organise des rencontres, s’occupe des visas et prend en charge l’organisation jusqu’à la cérémonie. En contrepartie, il leur faut débourser environ 12 millions de wons (8300 euros), ce qui représente sept fois le salaire moyen d’un Sud-Coréen.
Ce problème a surgi avec l’essor économique du pays dans les années 1980-1990, qui a été avantageux pour les jeunes filles qui ont pu quitter les campagnes et les lointaines banlieues pour venir dans les grandes villes afin de pouvoir suivre des formations et travailler. L’exode a été tellement important qu’il y a de moins en moins de filles dans ces zones rurales.
Ce sont les autorités sud-coréennes qui ont décidé au début des années 90 de mettre au point cette «stratégie», c’est-à-dire autoriser les Coréens à se marier avec des étrangères dans le seul but de stopper le dépeuplement dans les campagnes. Alors qu’il y avait 4 000 femmes étrangères dans les années 1990 dans ces zones, elles étaient 22 265 en 2011. Et le nombre continue d’augmenter. Depuis une dizaine d’années plusieurs agences matrimoniales ont ouvert et les autorités ont dû renforcer le contrôle sur ces agences pour éviter aux trafiquants de profiter de ces femmes. Des comptes rendus sont envoyés régulièrement aux mairies et aux centres de soutien pour les familles multiculturelles.
Malheureusement cette idée, bien que favorable aux coréens, ne l’est pas tant que ça pour les épouses. Elles acceptent ces mariages pour échapper à leur situation dans leur pays respectif. Pensant être heureuses, elles se heurtent néanmoins à de nombreux problèmes : mépris, xénophobie et violences domestiques sont le quotidien de la majorité d’entre elles. Park Jin-Sook, qui dirige Eco-Femme – une ONG de soutien aux migrantes – explique que «la société sud-coréenne n’est pas encore prête à cette ouverture vers d’autres cultures, d’autres pays». Elle ajoute également que «le nationalisme et la peur d’être mélangés sont encore extrêmement puissants chez les Coréens». Heureusement, la situation n’est pas la même pour tout le monde et certaines femmes déclarent être heureuses en Corée du Sud.
En 2012, les autorités coréennes ont renforcé la législation sur la protection des familles mixtes. En 2008, des centres avaient été ouverts dans tout le pays pour les aider. En plus d’être des lieux d’échanges et d’informations, ces lieux proposent également des services et du travail.
Sources : Libération / Washingtonpost / Crédit photo : aljazeera english