Nous avons visité pour vous la section Corée du célèbre musée londonien situé dans le quartier de Bloomsbury.
Ce musée national a été fondé en 1753, suite à l’assentiment royal de Georges II auprès du Parlement. Cet acte est connu sous le nom de British Museum Act 1753, qui a subi plusieurs modifications jusqu’en 1963.
Il fut créé à partir de certaines collections privées du naturaliste et médecin irlandais Sir Hans Sloane (1660-1753), ainsi que des manuscrits de la collection Harleian, du nom de Robert Harley, Grand Trésorier sous George II et collectionneur de poésie et littérature de la Renaissance.
Tout comme lui, Sloane lègue à la nation une partie de ses collections (manuscrits, camées, gravures, médailles, pièces ou encore sceaux). Ceci est rappelé dans le titre même de l’acte 1753.
British Museum
Lorsque le British Museum ouvre en 1759, il comprend alors 80 000 artefacts. Il en compte aujourd’hui treize millions.
Le bâtiment compte dix départements différents, dont le département Asie subdivisé en différentes galeries :
- Chine, Inde et Asie du Sud – chambre 33
- Céramiques chinoises – chambre 95
- Inde – chambre 33a
- Jade chinois – chambre 33b
- Japon – chambre 92-4
- Corée – chambre 67, située au niveau 2 du Niveau Principal
La galerie coréenne a été créée en 2000 avec l’aide de la Fondation de Corée. C’est donc un projet assez récent, qui a reçu en 2014 des dons supplémentaires de la part du Musée National de Corée.
En raison de son caractère récent, la section est encore peu fournie et dispose d’une superficie relative. La galerie Japon, organisée différemment, ne parait pas beaucoup plus grande, elle est pourtant bien plus attractive en raison de son contenu et de sa disposition.
On trouve un point commun aux deux sections : la reconstitution d’une façade et de l’intérieur d’une maison traditionnelle, hanok en coréen, 한옥 (période Joseon, 조선). C’est la pièce nommée sarangbang, 사랑방, qui est plus spécialement exposée ici. Il s’agit d’une salle réservée aux hommes. La pièce réservée aux femmes, quant à elle, est appelée anbang, 안방.
La sarangbang est une pièce multifonctions où l’homme peut étudier, dormir, dîner et recevoir des invités.
Illustration d’une maison des années 1800
Youlhwadang Publishers, 1986
La construction est imposante. En conséquence, le montage en bois prend à lui seul tout un pan de mur. L’aspect de la construction est remarquable mais on notera très vite que proche de la sortie de la galerie, la façade semble être là pour combler le vide laissé par le manque d’artefacts.
Sur les objets exposés, il y a cependant de très belles pièces, notamment des éléments de costumes traditionnels.
Gwanbok, 관복, uniforme masculin de fonctionnaire.
Le gwanbok dérive du po, qui était une sorte de robe portée dès la période des Trois Royaumes de Corée,삼국시대, (57 av. JC – 668). Après 668, durant la période de Silla, 신라, (668-935), le po donne naissance au gwanbok dans la classe des élites.
La couleur du gwanbok pouvait servir à déterminer le rang. Un haut fonctionnaire portait par exemple une robe de couleur rouge foncé.
Le gwanbok est un dallyeong, 단령, terme générique pour les robes à cols ronds de service.
Le badge à l’avant (et dans le dos) est un hyungbae, 흉배. Cet attribut était utilisé uniquement durant la période Joseon, 조선, et ses motifs servaient à indiquer le rang du porteur.
Le hyngbae de la famille royale était appelé bo, 보,de forme circulaire représentant un dragon à cinq griffes. Il était porté sur le devant, le dos et les épaules.
Roi Taejo, 태조, fondateur de la dynastie Joseon
À partir de 1454, deuxième année du règne du roi Danjong, 단종, le hyungbae commence à être porté sur les uniformes des fonctionnaires et militaires appartenant au dangsanggwan, 당상관, rang supérieur à 3 (les rangs allant de 1 à 9 durant la période Joseon). Le design s’inspirait alors de celui de la dynastie Ming.
À partir de 1734, sous le règne du roi Yeongjo, 영조, le design woonhak, 운학, apparaît, représentant des grues et nuages. Il était porté par les officiels civils de rang dangsanggwan ; les hyungbae brodés de grues blanches étaient portés jusqu’en 1871 par les danghagwan, 당하관 (officiels de rang inférieur à 3). Après 1871, le design change : une seule grue est utilisée pour les officiels civils danghagwan et deux grues pour les dangsanggwan.
History of Design: Decorative Arts and Material Culture, 1400-2000, Bard Graduate Center Publisher
Les militaires portaient quant à eux des badges ornés de tigres : un tigre pour les militaires de rang danghagwan, deux tigres pour ceux appartenant au rang dangsanggwan, jusqu’en 1910.
Victoria & Albert Museum, Londres
On trouve d’autres designs de hyungbae, comme celui de type baekhan, 백한, qui représente un phoenix, porté également à partir de 1746 par les officiels civils de rang danghagwan.
Gyeonggi Provincial Museum
Ces éléments sont malheureusement mis en retrait, disposés sous un angle caché à la vue du visiteur en entrant. Il est dommage qu’ils ne soient pas placés plus en avant, à l’image de l’armure japonaise de la salle 92-4, mise en évidence au centre de la galerie. Un grand bouddha en fer accueille cependant le visiteur à l’entrée de la galerie (période Goryeo, 고려, 918-1392).
Le mur opposé au sarangbang supporte deux tentures ainsi qu’un poème calligraphié en 1929 par An Yeong-Gi, prisonnier politique de 1962 à 1999, libéré en 2000. Son poème décrit son souhait d’unification des deux Corées.
Quelques éléments relatifs aux Jeux Olympiques qui se sont tenus durant l’hiver 2018 à Pyeongchang, 평창, ont été disposés près de ces éléments. Il y a malheureusement un décalage entre les artefacts anciens et ces pièces récentes, exposés dans une vitrine trop épurée.
Pour revenir aux belles pièces historiques dont dispose le British Museum, on citera un oreiller en céramique, une petite collection d’éventails, une jarre en céramique et laque vernie ou encore une très belle jarre à facettes en porcelaine.
La laque coréenne (ot, 옻) provient de l’arbre à laque asiatique (aussi appelé Vernis du Japon) dont on récupère la sève. Celle-ci est appliquée en plusieurs couches sur le support, chaque couche devant sécher complètement et former un revêtement plastifié.
L’art de la laque est appelé chiljang, 칠장 et peut être pratiqué sur différents supports, comme le bois (moktae chilgi, 목대칠기), le bambou (namtae chilgi, 남대칠기), l’or (geumtae chilgi, 금태칠기), le papier (jitae chilgi, 지태 칠기), sur du métal incrusté (pyeongtal chilgi, 평탈칠기) ou de la perle incrustée (najeon chilgi, 나전칠기).
Une courte vidéo sur le najeon chilgi en Corée du Sud
La sortie de la galerie coréenne donne directement sur la salle 95 des céramiques chinoises.
De passage à Londres, n’hésitez pas à visiter les centres culturels de la capitale pour profiter de leurs collections et en apprendre plus sur la Corée du Sud !
Autres Sources
National Museum of Korea
V&A Museum
Virtual Collection of Asian Masterpieces
The costume, the pattern of Joseon dynasty: government officials’ uniforms, black dallyeong
Autres Images
pngtree, wikipedia