Découvrez une passionnante histoire de Gisaeng (기생)

Croisée à plusieurs reprises dans les dramas historiques (ex: Hwang Jin-Yi (황진이) 2006 ; The Tale of Nokdu (조선로코-녹두전) 2019…), la Gisaeng (기생), fascine. Moins populaire que sa cousine japonaise, la courtisane coréenne n’a rien à lui envier. Toute curieuse de l’histoire de ces femmes, je me suis donc lancée dans la lecture du roman de Lee Hyeon-su (이현수), Au Lotus d’or- Histoire de courtisanes (Titre original : 신기생뎐).

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          Qui sont-elles? 

 

Apparues sous l’ère Goryeo (고려) (918-1232 ; 1270-1392), elles accompagnent et divertissent les hauts placés. Elles sont formées dès leur plus jeune âge dans des Gyobang (교방), instituts dans lesquels les Gisaeng apprennent la danse et la musique. Les courtisanes devaient en effet, malgré leur bas statut social, briller dans le domaine artistique et avoir une apparence irréprochable pour être appréciées de leurs clients. L’Etat recense même ces dernières dans un registre spécifique. 

            Comment devient-on Gisaeng ?

On devient rarement une courtisane par choix (rien n’est impossible bien entendu). Dans la plupart des cas, on naît Gisaeng, d’une mère Gisaeng. Il y a ensuite celles qui seront vendues par leurs familles aux troupes par manque d’argent. Puis il y a celles qui se sont rendues coupables d’adultère et qui sont condamnées à devenir courtisanes. 

 

            Ce que nous raconte Lee Hyeon-su.

Au Lotus d’or-Histoires de courtisanes est une mine d’informations, pour les curieux. 

L’auteure y décrit la vie d’une maison de Gisaengs, le Lotus d’or, dans une époque qui se veut de plus en plus moderne. À la tête de cet établissement une grand-mère de 79 ans, qui ne se laisse pas mener en bateau et qui protègera coûte que coûte ce petit bout d’histoire de Corée. Le Lotus d’or de grand-mère Tabak est une maison haut de gamme, ou les Gisaeng sont choisies pour leur beauté et leur maîtrise de l’art. Les traditions y sont de mise, avec une pointe de modernité ? Oui, on devient Gisaeng par choix et on sert tout homme qui a les moyens de payer un plateau au Lotus d’or. Comme on peut s’y attendre d’une maison où ne vivent que des femmes (à l’exception de l’homme à tout faire), histoires de cœur et petites disputes rythment la vie de nos courtisanes.  

Dans ce fouillis de modernité, Le lotus d’or prépare ce qui sera peut-être sa dernière cérémonie traditionnelle en grande pompe, l’événement le plus important de la vie d’une Gisaeng, la cérémonie du chignon-fleur. Cela correspond à un mariage pour une Gisaeng mais aussi au début de sa carrière. 

Grand-mère Tabak est un personnage assez brut est pourtant très attachant. En avançant dans son histoire, on découvre des personnages qui se prennent cette modernité en plein visage et qui doivent apprendre à survivre tout en gérant leurs histoires quotidiennes.

On se prend d’amitié pour Madame Oh, grande Gisaeng connue pour sa beauté et sa grande voix mais qui pourtant vous fera de la peine par sa malchance en amour.

Amour qui pourtant est si proche d’elle mais qu’elle ne voit pas, ce qui est à la fois un grand malheur et un grand bonheur du chauffeur Bak, fidèle amoureux de la grande Madame Oh qui n’a d’yeux que pour les mauvais garçons. Patron Bak est de ceux-là. Amant-escroc, ce dernier a un grand but dans la vie…rafler le Lotus d’or. Puis il y a la douce mais coriace Miss Min, belle et douée ; c’est pour elle que se prépare la (peut-etre) dernière cérémonie du chignon-fleur.       

          Ce que j’en retiens.

Je me suis beaucoup amusée en lisant ce roman. Des personnages haut en couleur, qui vous régaleront par leur diversité. On apprécie tout ce travail de recherche que l’on ressent bien dans le récit. L’écrivaine nous immerge dans un univers si peu connu et nous partage sans modération ce qu’elle a appris tout en nous plongeant dans les intrigues de ces dames d’art et d’amour.

 

Valérie-anne RTM (20/07/2021)

 Sources : https://decrescenzo-editeurs.com/livre/au-lotus-dor/ ; https://www.tumbral.com/blog/enchantinghanbok