A travers l’objectif de Kim Ki-Chan, un voyage dans le temps à la découverte de Séoul

Si la capitale coréenne semble de prime abord uniquement quadrillée de grands axes de circulation aux larges trottoirs et aux chaussées encombrées de voitures, elle dissimule également de tortueux réseaux d’allées où cohabitent magasins de chaussures en vrac, restaurants de quartier et autres salons de coiffure proposant des permanentes à des prix imbattables. Typiques de la vie séoulite, ces ruelles ont été le sujet de prédilection du photographe Kim Ki-Chan (김기찬, 1938-2005)… au point qu’il s’attache à en immortaliser l’atmosphère pendant plus de trente ans. Retour sur une œuvre qui témoigne du quotidien et des évolutions de Séoul au sortir de la guerre de Corée.

 

Kim Ki-Chan, photo prise à Manri-dong, Séoul en 1981.

 

Au lendemain de la guerre, le « miracle du fleuve Han »

Qui dit Corée du Sud dit immeubles flambant neufs, technologies à la pointe de l’innovation et internet le plus rapide au monde. Et pourtant : dans un passé pas si lointain – il y a soixante-dix ans à peine –, le pays comptait parmi les plus pauvres de la planète.

Ravagée par trois ans d’une guerre fratricide (guerre de Corée, 1950-1953), la Corée du Sud n’a alors que peu d’atouts et tout à reconstruire. Mais c’est compter sans la ténacité des Coréens : sous l’égide de Park Chung-Hee, président autoritaire ayant gouverné de 1962 à 1979, la population consent à de nombreux sacrifices et hisse son pays aux rangs des nations les plus développées du globe.

Cette transformation n’est évidemment pas sans conséquence. De plus en plus ouverte au reste du monde, la Corée du Sud voit ses paysages urbains muter et se transformer. Forte de son statut de capitale, Séoul est le parfait exemple de cette évolution aussi rapide qu’inexorable.

 

L’œuvre de Kim Ki-Chan, témoin des évolutions de la Corée

Fascinante et en mouvement constant, la capitale sud-coréenne devient dès la fin des années soixante la muse du jeune photographe Kim Ki-Chan. Il en arpente les rues et les allées, y capturant au fil du temps de nombreuses scène de la vie quotidienne : jeux d’enfants, hommes absorbés par une partie de baduk (바둑, jeu de société coréen similaire au jeu de go japonais, NDLR), ajumma (아줌마, femmes mariées et souvent d’âge mûr, NDLR) partageant un repas…

 

Kim Ki-Chan, Jungnim-dong, 1988

 

Kim Ki-Chan, Jungnim-dong, 1980

 

Kim Ki-Chan, Jungnim-dong, 1991

 

Composée de près de 100 000 clichés, son œuvre se pose en véritable témoignage de S Les plus iconiques de ces photographies sont rassemblées dans l’ouvrage « Alley Scenery » (골목안 풍경 전집, golmok-an punggyeong jeonjib), que Kim Ki-Chan signe en 1998.

 

Kim Ki-Chan aujourd’hui

Empreints d’humanité, les clichés de Kim Ki-Chan ne laissent pas indifférents. Ainsi, plusieurs rétrospectives ont été consacrées à la production de l’artiste, en Corée (au Seoul Museum of History en 2010 par exemple) mais aussi en France, à Strasbourg, où ses travaux ont été exposés aux côtés de ceux d’autres photographes à l’occasion de l’année France-Corée (2016).

En attendant une nouvelle opportunité de découvrir cette œuvre spectaculaire, il est possible d’en consulter une partie en téléchargeant gratuitement le ebook mis en ligne par le Musée d’Histoire de Séoul.

Kim Ki-Chan, Jungnim-dong, 1983

 

~ Lucile H.

Date de publication : 26/02/2022