Entre 1950 et 1953, la guerre de Corée fait plus de 100 000 orphelins à la suite du conflit qui divise la péninsule. Les Etats-Unis, touchés par cette nouvelle, se manifestent alors en proposant d’adopter certains de ces enfants. C’est ainsi qu’en 1955 naît la Holt, agence d’adoption créée par Bertha et Harry Holt, qui devient le premier engrenage de l’adoption des coréens à l’étranger.
En ce qui concerne le reste du monde, l’adoption à l’internationale s’est énormément développée dans les années 1990, mais elle est aujourd’hui en net recul et on privilégie davantage les adoptions nationales. Chaque année, des milliers d’enfants sur le globe sont adoptés dans de nouvelles familles et pour certains, à des milliers de kilomètres de leur ville natale. C’est le cas de Soo Ja Pracca, née en Corée du Sud et adoptée en France, qui a décidé de ressortir les écrits de ses voyages et de sa recherche d’identité afin de les coucher sur les pages de son livre, « Là-bas, sous le ciel clair ».
Résumé officiel du livre : « Le 25 juillet 1975, à l’aéroport du Bourget, quelques dizaines d’enfants coréens débarquent d’un avion en provenance de Séoul. Parmi eux se trouve Choi Soo Ja, une petite fille de quinze mois abandonnée et trouvée devant un poste de police à Nonsan, petite ville du centre-ouest de la Corée, avant d’être transférée à Séoul pour une adoption à l’international. Comme elle, ce sont des dizaines de milliers d’enfants coréens qui endosseront une nouvelle identité et qui grandiront dans un autre pays, avec un autre nom, une autre famille, une autre langue. »
« Là-bas, sous le ciel clair » retrace le destin d’une de ces enfants et la relation qu’elle entretient avec son pays d’origine aux différents âges de sa vie.
Adoptée à l’âge de quinze mois par une famille française, Soo Ja Pracca retourne pour la première fois en Corée en 1990, accompagnée par ses parents adoptifs. Elle décide de refaire le voyage en 2006 après avoir quitté son poste de consultante en finance, afin de faire quelques recherches et essayer de retrouver la trace de sa mère biologique. C’est en 2009 qu’elle choisit de vivre quelque temps à Séoul afin de s’imprégner complètement du mode de vie coréen. Elle y restera trois ans, trois années dont elle nous parle et durant lesquelles elle nous partage son quotidien ainsi que son intimité. L’auteure décide d’écrire son livre bien plus tard, en 2019, lorsqu’elle reprend contact avec le père de sa fille. C’est un déclic qui lui donne envie de partager son histoire, ce qu’elle explique plus en détails dans son interview pour lepetitjournal.com.
Avis rédac’ : Le récit est déstructuré, sectionné en chapitres qui ne sont pas datés chronologiquement et qui rendent la lecture plutôt intéressante, mais il ne faut pas s’y perdre. On découvre le parcours et les étapes d’une femme qui cherche des réponses à ses questions. La subtilité de son histoire réside dans le fait qu’elle a été adoptée dans un autre pays que le sien. Cela rend ses recherches plus complexes notamment à cause de la barrière de la langue mais aussi d’une culture à l’opposé de celle qu’elle connaît.
À travers ses écrits, on se rend compte du trajet émotionnel qu’elle a parcouru de par ses rencontres et les réponses qu’elle y a trouvées.
Cet ouvrage nous montre également la difficulté des démarches à entreprendre dans un pays étranger surtout lorsque l’adoption date des années 70. En effet, la technologie et internet n’existant pas à cette époque, toutes les informations ont été rédigées sur papier ; archives auxquelles les Sud-Coréens ne donnent pas facilement accès.
Il s’agit là d’un très beau texte, touchant et émouvant même si nous ne pouvons en aucun cas comprendre les sentiments de l’auteure lorsque nous ne sommes pas concernés.
C’est donc en retenant notre respiration que nous découvrons, pas à pas, le récit d’une jeune femme cherchant son identité et ses racines dans un combat contre le passé.
Éditions : Atelier des cahiers
Prix : 15,00€
Publication : 31/01/2023
Mégane B.